"Cancers gynécologiques : vie intime et sexualité et si on en parlait vraiment ? " - SeptembreTurquoise points clés & replay du 190923

Cancers gynécologiques

De nouvelles techniques améliorent la vie sexuelle des patientes, impactée par les traitements

Parce que la vie sexuelle des femmes atteintes d’un cancer gynécologique est souvent bouleversée, l’association Patient en réseau a organisé une webconférence sur le thème « Vie intime et sexualité », à l’occasion de Septembre Turquoise, mois de sensibilisation aux cancers gynécologiques. On y découvre le témoignage fort d’une jeune patiente, et les résultats d’une enquête réalisée par Patients en réseau, qui montrent l’impact dramatique de ces cancers sur la sexualité, mais qui est rarement pris en compte dans le parcours de soin. Pourtant, comme l’explique le Dr Fabienne Marchand, gynécologue spécialisée en gynécologie réparatrice et fonctionnelle, et le kinésithérapeute Jean Bourdin, des solutions récentes et efficaces existent pour lutter contre la sécheresse vaginale notamment, mais sont peu connues des médecins. Alors ensemble, brisons les tabous pour que les patientes ne restent pas isolées et puissent accéder aux techniques innovantes aujourd’hui disponibles.

 

« Après les traitements commence le deuxième combat, celui de l’après cancer », c’est par ces mots que Caroline, atteinte d’un cancer du col de l’utérus à l’âge de 30 ans, témoigne de son vécu. Suite à la chimiothérapie, la radiothérapie et la curithérapie, elle est en rémission. Mais elle souffre d’atrophie et de sécheresse vaginale, et ressent de fortes douleurs lors des rapports sexuels. « Personne ne m’avait pas prévenu de toutes ces conséquences et lorsque je posais des questions aux médecins, je me heurtais à un mur, se désole Caroline. On finit alors par accepter l’inacceptable, vivre avec ces douleurs et cette perte de libido. Les patientes ne devraient pas rester seules face à ce séisme dans leur sexualité. Il faut que la parole se libère ». 

Ce témoignage est loin d’être isolé. En effet, une enquête menée par l’association Patients en réseau auprès de 58 femmes atteintes d’un cancer gynécologique montre que plus de la moitié d’entre elles ressentent des douleurs de la sphère uro-génitale et près de 70% ont une baisse ou une absence de désir. Quant à la capacité à ressentir du plaisir, elle diminue en moyenne de 60%. Les pratiques sont également bouleversées : la sexualité avec pénétration chute de 95 à 26% après le cancer, et la masturbation de 57 à 17%. Or, seules 14% des patientes ont bénéficié de soins de support liés aux problématiques sexuelles et 4% de consultations de sexothérapie. « Des résultats édifiants, alors que la santé sexuelle n’est pas optionnelle, c’est un droit. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime qu’elle est aussi importante que la santé physique ou mentale », insiste Colette Casimir, coresponsable de Mon Réseau Cancer Colorectal.

L’acide hyaluronique et la radiofréquence pour lutter contre la sécheresse vaginale

Pourtant depuis quelques années des solutions existent, mais elles sont mal connues des médecins et encore moins des patientes. Ainsi, l’acide hyaluronique, utilisé dans le domaine esthétique, peut être injecté au niveau génital. Il absorbe les molécules d’eau et possède un grand pouvoir d’hydratation, permettant de lutter contre la sécheresse vaginale. « Son action dure environ un an après l’injection », précise le Dr Fabienne Marchand. Autres solutions, les traitements physiques qui utilisent la chaleur pour stimuler la régénérescence des tissus. En effet, les thérapies du cancer provoquent des irritations, des brûlures, des infections ou encore des fissurations qui abîment les muqueuses. Des techniques permettent de les régénérer, comme le laser, mais celui-ci ne peut pas être utilisé si la patiente a reçu une radiothérapie ou une curiethérapie. De nouvelles technologies se développent, comme la radiofréquence, c’est-à-dire des émissions d’ondes électromagnétiquesappliquées à l’aide d’une sonde et qui peuvent cette fois être utilisées chez toutes les patientes, de manière indolore. « Cet outil représente une vraie révolution, mais de nombreux médecins ne le connaissent pas », déplore le Dr Marchand. Enfin, la photobiomodulation, qui consiste à envoyer de la lumière led rouge, infrarouge et bleue avec une sonde, permet d’apporter de l’énergie pour la régénération des cellules.                                  

Mais ces traitements ont un coût, de l’ordre de 700 euros par an et ne sont pas remboursés par la sécurité sociale. « Je me bats pour obtenir leur prise en charge dans le cadre des soins de supports, d’autant que les injections intra caverneuses chez les hommes sont remboursés en cas de cancer de la prostate », précise le Dr Marchand. Le Sénat se penche actuellement sur cette question et devrait rendre sa décision d’ici fin 2023.

Enfin, les séances de kinésithérapie peuvent également être très utiles. « Nous pouvons nous servir des techniques de radiofréquence comme la Tecar Thérapie, indique Jean Bourdin, kinésithérapeute spécialisé en perinéologie et sénologie, mais également profiter des séances pour donner aux patientes des conseils sur les moyens de retrouver une communication et une sexualité avec leurs compagnons ».

Il est donc important de faire connaître ces nouvelles méthodes et d’améliorer la prise en charge des patientes, afin qu’elles ne restent pas seules face à la dégradation de leur vie intime.

Retrouvez notre webconférence Septembre Turquoise du 19 septembre 2023 sur le thème : "Vie intime et sexualité et si on en parlait vraiment ?" avec 

  • Témoignage et vécu de Caroline,
  • Colette CASIMIR, Co-responsable de Mon Réseau Cancer Colorectal 
  • Fabienne MARCHAND, Gynécologue, Polyclinique SANTE Saint Herblain Elsan 
  • Jean BOURDIN, Kinésithérapeute spécialisé en Périnéologie et Sénologie - Bois Colombes

Voici le lien vers l'infographie de notre enquête sur l'impact de la maladie et des traitements sur les la vie intime et sexuelle des femmes touchées par des cancer gynécologiques

Ce programme a été proposé par notre association Patients en réseau et Dis-Moi Santé

Ce programme a été rendu possible par le soutien institutionnel de : GSK et Sanofi

Auteur : Sandrine Chauvard

Source : Patients en réseau et Dis moi Santé