"Cancer de l’endomètre avancé : comment le caractériser? quels parcours de soins ? quelles innovations à venir?" - replay & points clés de la webconférence LinK Gynéco du 17 09 2024

« Cancer de l’endomètre avancé : comment le diagnostiquer ? Quel parcours de soins ? quels impacts ? »

Après avoir abordé le cancer de l’endomètre localisé, une deuxième webconférence est consacrée au cancer de l’endomètre avancé, une maladie très méconnue du grand public. Ainsi, nous apprendrons comment sont choisis les traitements, qu’ils soient chirurgicaux ou médicamenteux, et quelle est la place de la radiothérapie, avec nos 3 spécialistes : le Pr Alejandra Martinez, cheffe adjointe du service de chirurgie en oncologie à l’Oncopole de Toulouse, le Pr Cyrus Chargari, chef du service d’oncologie radiothérapie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, et le Pr Jérôme Alexandre, oncologue médical à l’hôpital Cochin à Paris.

 

« Le cancer de l’endomètre est le plus fréquent des cancers gynécologiques et pourtant le moins connu du public », insiste Laure Guéroult-Accolas, fondatrice et directrice de l’association Patients en réseau. Par méconnaissance, on peut passer à côté de symptômes faciles à repérer. Des saignements après la ménopause, ou entre les règles chez des femmes jeunes doivent alerter ! Or, un tiers des patientes sont diagnostiquées à un stade avancé. Le cancer de l’endomètre, qui est la couche interne de l’utérus, s’étend alors au-delà de cet organe. 

La chirurgie reste le principal traitement et consiste à enlever l’utérus, les ovaires et les trompes. « Mais d’autres gestes chirurgicaux peuvent être réalisés selon trois facteurs à prendre en compte : l’état général de la patiente, l’extension de la tumeur et son agressivité biologique », explique le Pr Alejandra Martinez. La tumeur est caractérisée en 4 grades selon son extension et en 4 groupes moléculaires selon son profil biologique. 

Ainsi, l’épiploon (repli du péritoine situé sous l’estomac), et les ganglions atteints peuvent être retirés lors d’une chirurgie réalisée par laparotomie (on ouvre le ventre pour enlever toutes les zones malades). Si le cancer s’est étendu au niveau du péritoine, une chirurgie dite de cytoréduction est alors pratiquée. Elle vise à réduire le nombre de cellules cancéreuses dans la cavité abdominale.

Après l’intervention, les patientes peuvent ressentir des douleurs, de la fatigue et des troubles du transit. Lorsque la chaîne ganglionnaire est retirée, un lymphœdème peut survenir. Heureusement, il n’apparaît que chez une minorité de patientes.

Quelle place pour la radiothérapie ?

Le traitement par radiothérapie peut être préventif pour réduire le risque de récidive dans le fond du vagin. « C’est alors une curiethérapie réalisée en ambulatoire après la chirurgie, indique le Pr Cyrus Chargari. Elle est très bien supportée avec peu d’effets secondaires ».

La radiothérapie est parfois plus lourde, avec des séances quotidiennes pendant 5 semaines pour traiter le fond du vagin et les zones autour à risque de récidive. « Elle peut entraîner des diarrhées, des brûlures urinaires et parfois des séquelles vaginales », prévient le Pr Chargari.

La radiothérapie peut être indiquée pour traiter certains cancers métastatiques, en complément de la chirurgie et de traitements médicamenteux.

Les tumeurs sont parfois non opérables, soit en raison d’une fragilité de la patiente, soit parce que le cancer est trop avancé pour permettre une chirurgie complète. Une radiothérapie peut alors être réalisée, éventuellement avec une chimiothérapie.

Enfin, la radiothérapie est parfois prescrite non pas pour traiter la maladie, mais pour soulager les douleurs ou encore empêcher des saignements.

Par ailleurs, des recherches qui associent la radiothérapie à l’immunothérapie sont actuellement menées afin d’augmenter l’efficacité thérapeutique.

Quels traitements médicamenteux ?

La chimiothérapie à base de carboplatine et de taxol est la plus couramment prescrite. Elle est administrée en hôpital de jour toutes les 3 semaines. Ses effets secondaires les plus fréquents sont la perte de cheveux, la fatigue, les nausées et parfois une perte de sensibilité au niveau des extrémités.

« L’effet de ce traitement peut être limité dans le temps. On peut alors lui associer une immunothérapie pour améliorer son efficacité », précise le Pr Jérôme Alexandre. Le traitement, délivré par perfusion, débute en même temps que la chimiothérapie et se poursuit après, pour allonger la durée de rémission. Le plus souvent, il n’entraîne pas d’effets indésirables, mais il peut parfois provoquer des maladies auto-immunes.

Autre traitement possible, l’hormonothérapie. Certains cancers de l’endomètre sont dits hormonodépendants car ils sont stimulés par l’œstradiol. Le traitement consiste alors à empêcher l’action de ces hormones. Il est généralement mieux supporté que la chimiothérapie.

Les soins de support quant eux améliorent la qualité de vie des patientes. Ils soulagent les symptômes tels que la douleur, l’essoufflement, ou encore les symptômes digestifs. L’équilibre nutritionnel est important, de même que le maintien de l’activité physique. Sans oublier le soutien psychologique, qui peut être précieux pour les patientes comme pour les aidants.

« Les différents traitements sont choisis en fonction des caractéristiques de la tumeur, des particularités de la patiente mais également de ses souhaits », ajoute le Pr Alexandre.

Que faire si le 1er traitement médicamenteux ne marche plus ?

Il est possible d’administrer une nouvelle chimiothérapie en fonction de l’efficacité de la première, du délai écoulé et des séquelles. « Une immunothérapie peut également être prescrite, mais uniquement si la patiente n’en a pas déjà reçu. Cette immunothérapie est associée à un traitement oral anti-angiogéniquec’est-à-dire qui agit sur les vaisseaux sanguins pour bloquer la vascularisation des cellules cancéreuses », explique le Pr Alexandre. 

Enfin, il est possible de participer à un essai clinique pour bénéficier de nouveaux médicaments ou de nouvelles stratégies thérapeutiques. En France, plusieurs centres de recherche proposant des essais cliniques sont fédérés au sein du groupe GINECO. Alors n’hésitez pas à vous renseigner, ces essais peuvent représenter de véritables espoirs de traitement !

Article rédigé par Sandrine Chauvard suite à la webconférence du 17 septembre 2024, organisée par l’association Patients en réseau.

 

 

Retrouvez notre replay autour de "Cancer de l’endomètre avancé : comment le caractériser? quels parcours de soins ? quelles innovations à venir?" avec : 

  • Pr Jérôme Alexandre, Professeur en oncologie médicale, AP-HP. Centre – Université de Paris Cité, site Cochin – Port Royal
  • Pr Alejandra Martinez, Professeur en chirugie gynécologique, IUCT Oncopôle de Toulouse
  • Pr Cyrus Chargari, Professeur, Chef du Service d'Oncologie Radiothérapie, Hôpital Universitaire Pitié Salpetrière -Sorbonne Université

Nous avons abordé les questions suivantes : 

  • Quelles caractérisations de la maladie ? Quels parcours de soins ?
  • Place de la chirurgie 
  • Place de la radiothérapie
  • Traitements médicamenteux 
  • Recherche et innovations 

 

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Source : Patients en réseau et Dis moi Santé