"Cancer de l'endomètre localisé : comment le diagnostiquer? quels parcours de soins? quels impacts ?" - replay & points clés de la webconférence LinK Gynéco du 10 09 2024

« Cancer de l’endomètre localisé : comment le diagnostiquer ? Quel parcours de soins ? quels impacts ? »

C’est le plus fréquent des cancers gynécologiques et pourtant le moins connu du grand public. Le cancer de l’endomètre touche en effet 8 800 femmes chaque année en France et entraîne 2 500 décès par an. Mais diagnostiqué de façon précoce, il peut être guéri dans 80 à 90% des cas. D’où l’importance de mieux le connaître et de repérer les premiers symptômes, afin de consulter rapidement. C’est ce que nous expliquent 3 spécialistes, dans une webconférences organisée par Patients en réseau à l’occasion de Septembre Turquoise : le Pr Vincent Lavoué, chef du service de gynécologie du CHU de Rennes, le Pr Martin Koskas chef du service de gynécologie obstétrique de l’hôpital Bichat à Paris et le Dr Alexandra Gabro, oncologue radiothérapeute à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.

Vous découvrirez également le témoignage poignant et plein d’espoir de Caroline, touchée par un cancer de l’endomètre alors qu’elle désirait un enfant. Elle est aujourd’hui la maman de deux petites filles !

 

Tout le monde connaît le cancer du col de l’utérus. Celui de l’endomètre se fait beaucoup plus discret. Pas de dépistage organisé, pas de virus qui le transmet. Et si vous en parlez dans votre entourage, on vous répondra sûrement : ‘c’est quoi déjà l’endomètre ?’. Alors commençons par-là : l’endomètre est la muqueuse tapissant l’intérieur de l’utérus. C’est lui qui permet la nidation de l’embryon.

Le cancer de l’endomètre peut être dépisté de façon précoce, car les premiers symptômes apparaissent rapidement. « Des saignements après la ménopause, ou entre les règles pour les femmes jeunes, et des pertes vaginales brunes inhabituelles doivent vous amener à consulter votre gynécologue », expique le Pr Vincent Lavoué. Le diagnostic est alors posé grâce à une échographie, puis un prélèvement ou une hystéroscopie (examen qui permet de visualiser l’intérieur de l’utérus).

Le nombre de cancers de l’endomètre est en augmentation dans notre pays, car la population vieillit. En effet, l’un des facteurs de risque est l’âge, mais également l’obésité et l’hypertension.

Un traitement principalement chirurgical

Au stade précoce, le traitement consiste à enlever totalement l’utérus, c’est-à-dire le corps et le col de l’utérus. Chez les femmes ménopausées, les trompes et les ovaires sont également retirés. « L’intervention se fait parchirurgie mini-invasive, par cœlioscopie ou chirurgie robotique », précise le Pr Martin Koskas. 

Le cancer se dissémine parfois dans les ganglions pelviens (environ 10 à 20% des cas). Pour savoir s’il est nécessaire ou non de les enlever, le chirurgien réalise un prélèvement dans un ganglion dit ‘sentinelle’. « Si ce ganglion est sain, cela signifie que les autres le sont aussi, indique le Pr Koskas. Cela évite de retirer inutilement des ganglions ». Or c’est important, car ce retrait peut provoquer un lymphœdème des jambes.

Quant à l’ablation de l’utérus, il entraîne peu d’effets secondaires. Du moins, d’un point de vue physiologique, car sur le plan psychologique, c’est une autre histoire… « J’ai eu beaucoup de mal à accepter qu’on m’enlève l’utérus, avoue Caroline. J’avais l’impression de me retrouver avec un trou dans le ventre ». Alors si vous êtes confrontées à cette situation, n’hésitez pas à solliciter un soutien psychologique.

La radiothérapie dans certains cas

Parfois, après l’intervention chirurgicale, une radiothérapie ou une curiethérapie est nécessaire afin de réduire le risque de récidive. « Ces traitements dépendent du niveau de risque, explique le Dr Alexandra Garbo. Les femmes ayant un bon pronostic n’ont pas besoin de radiothérapie post-opératoire. Celles qui ont un risque intermédiaire ou un haut risque reçoivent une radiothérapie et/ou une curiethérapie, associée ou non à une chimiothérapie ».

Un enfant ? Et si on osait rêver…

Difficile d’imaginer avoir un enfant, quand on va vous retirer l’utérus. Pourtant, des solutions existent, comme en témoigne Caroline : « J’ai appris que j’avais un cancer de l’endomètre alors que j’essayais d’avoir un bébé. Cela a été très dur. Je voulais à tout prix cet enfant, sinon cela n’avait pas de sens de me battre contre la maladie. Après 6 mois de traitement, le cancer s’est ‘endormi’. J’ai alors pu entreprendre une PMA (procréation médicalement assisté), et j’ai pu avoir mon bébé ‘miracle’. Je me suis ensuite lancée dans un deuxième projet de grossesse, qui a également réussi et j’ai eu mon deuxième bébé ‘cadeau’C’est seulement après que l’on m’a enlevé l’utérus ».

Ainsi, un traitement conservateur est possible chez certaines femmes et permet d’attendre avant de retirer l’utérus. « Le cancer de l’endomètre est sensible aux hormones et un traitement anti-œstrogène à base de progestérone peut le mettre en sommeil pendant quelque temps », indique le Pr Koskas. Celui-ci dirige le centre PREFERE (préservation de la fertilité), grâce auquel une centaine de femmes atteintes de cancer de l’endomètre ont pu avoir un enfant. Un véritable espoir pour toutes les femmes jeunes touchées par cette maladie.

Retrouvez notre replay  "Cancer de l'endomètre localisé : comment le diagnostiquer? quels parcours de soins? quels impacts ?" avec :

  • Pr Vincent Lavoué, Professeur en Gynécologie, chirurgien, CHU de Rennes
  • Dr Alexandra GABRO, Radiothérapeuthe en gynécologie, Hôpital Pitié Salpétrière APHP Paris
  • Pr Martin Koskas, Professeur en Gynécologie, chirugien, Hôpital Bichat, APHP Paris - consultation préservation de la fertilité en gynécologie
  • avec le témoignage et la perspective d’une patiente

LinK Gynéco un programme proposé par notre association Patients en réseau Dis-Moi Santé avec le soutien de Astra Zeneca, GSK, MSD et Les Franjynes

 

Auteur : Sandrine Chauvard

Source : Patients en réseau et Dis-moi Santé