Cancers gynécologiques : vers une désescalade chirurgicale et de nouveaux traitements
C’est une bonne nouvelle pour les patientes à risque de développer un cancer de l’ovaire ou atteintes d’un cancer du col de l’utérus : la chirurgie devient moins invasive, entraînant donc moins d’effets secondaires. Et pour ces deux cancers, de nouveaux traitements sont efficaces comme les thérapies ciblées ou l’immunothérapie. C’est ce que nous expliquent le Pr Sébastien Gouy, chef du service de chirurgie gynécologique à Gustave Roussy (GR) et le Dr Patricia Pautier, oncologue médicale à GR, lors d’une webconférence organisée par l’association Patients en réseau, dans le cadre de Septembre Turquoise, mois de sensibilisation aux cancers gynécologiques. L’occasion de rappeler l’importance de la prévention, avec notamment la vaccination pour éviter les cancers liés au papillomavirus. L’occasion également de parler des essais cliniques, avec le témoignage d’Armelle, une patiente qui nous explique pourquoi elle encourage les malades à participer à ces essais.
Cancer de l’ovaire
Comment éviter une ménopause précoce suite à la chirurgie de réduction des risques
Certaines femmes ont un risque élevé de développer un cancer de l’ovaire. Elles sont en effet porteuses de mutations de gènes appelés BRCA 1 et BRCA 2. C’est pourquoi il leur est proposé une chirurgie préventive, afin d’éviter qu’une tumeur n’apparaisse. Cette chirurgie consiste à retirer les ovaires et les trompes, mais elle entraîne une ménopause précoce, vers 38 à 45 ans selon les cas. Or il est possible aujourd’hui de n’enlever que la trompe et la portion de l’ovaire collée à la trompe. « Cela permet d’éviter l’apparition d’un cancer de l’ovaire, tout en retardant cette ménopause précoce. C’est une avancée majeure », souligne le Pr Gouy.
Un enjeu important : préserver la possibilité d’avoir un enfant
« Chez les patientes de moins de 40 ans, nous nous préoccupons d’emblée du maintien de la fertilité », insiste le Pr Gouy. Toutes les patientes jeunes qui désirent un enfant ont un suivi spécifique pour permettre éventuellement une grossesse spontanée ou une procréation médicalement assistée. Le Pr Gouy détaille le protocole de ce suivi lors de la webconférence.
De nouveaux traitements augmentent la survie
Lorsqu’une femme est atteinte d’un cancer de l’ovaire, les premiers traitements sont la chirurgie et si nécessaire la chimiothérapie. Malgré ces thérapies, des cellules tumorales peuvent encore être présentes. D’où l’intérêt des traitements dits ‘de maintenance’, pour lutter contre ces cellules cancéreuses. « Des progrès importants ont été réalisés ces dernières années, avec le développement de nouvelles thérapies ciblées : les inhibiteurs de PARP et les anticorps couplés à la chimiothérapie (ADC), indique le Dr Pautier. Les inhibteurs de PARP agissent sur les mécanismes de réparation de l’ADN, tandis que les ADC se fixent à la surface des tumeurs et délivrent la chimiothérapie directement dans les cellules cancéreuses ».
Cancer du col de l’utérus
Une chirurgie moins invasive pour éviter les répercussions urinaires
« Une nouvelle étude, présentée au congrès de l’ASCO en juin dernier, montre que chez les femmes atteintes d’un cancer du col de petite taille, sans envahissement des ganglions, une chirurgie moins invasive est efficace et sans effet secondaire sur le plan urinaire », annonce le Pr Gouy. Une véritable avancée quand on sait que la chirurgie standard peut entraîner des difficultés à uriner dans 7 à 10% des cas.
L’immunothérapie prometteuse en cas de maladie avancée et récidivante
Les immunothérapies sont en cours d’expérimentation dans le cancer du col de l’utérus. « Elles agissent en stimulant les cellules immunitaires impliquées dans la reconnaissance et la destruction des cellules cancéreuses, explique le Dr Pautier.s Elles ont montré leur efficacité chez les patientes qui présentent une récidive de leur cancer, suite à un traitement local suivi d’une chimiothérapie ».
La prévention reste le meilleur traitement
Les papillomavirus humains (HPV) sont responsables de la grande majorité des cancers du col de l’utérus. Or nous disposons d’une arme très efficace : le vaccin. Il prévient jusqu’à 90% des infections HPV. « A partir de cette année, la vaccination sera proposée systématiquement aux élèves de 5ème, aux filles comme aux garçons », indique le Dr Pautier.
Essais cliniques : une chance pour les patientes
« Après deux traitements par chimiothérapie auxquels j’étais résistante, on m’a proposé de participer à un essai clinique. C’était contraignant et j’avais peur, mais j’ai finalement accepté. Aujourd’hui, je vais bien, ma maladie est stable après avoir régresser de 71%, témoigne Armelle, une patiente atteinte d’un cancer de l’ovaire depuis 2021. C’est une chance d’avoir pu accéder à cet essai et je conseille à tous les patient(e)s de participer à des essais cliniques si c’est possible ».
Enfin, le Dr Pautier rappelle que les essais cliniques permettent d’évaluer de façon scientifique de nouveaux traitements ou de nouvelles modalités de soin, dont elle détaille les différentes phases durant la webconférence.
Retrouvez notre webconférence du 14 septembre sur le thème : "Innovations et perspectives dans les cancers gynécologiques" avec :
Ce programme a été proposé par notre association Patients en réseau et Dis-Moi Santé
Ce programme a été rendu possible par le soutien institutionnel de : GSK et Sanofi
Auteur : Sandrine Chauvard
Source : Patients en réseau et Dis moi Santé